"Le Louvre poursuit son exploration de l’histoire de la peinture aux États-Unis. Cette quatrième et dernière étape illustre l’essor progressif de la nature morte au cours du XIXe siècle." Ce qui est fort dommage, c'est que j'ai complètement loupé les trois premières étapes !..
Cette petite exposition, qui compte seulement 10 tableaux, se tient au fond de l'aile Denon, du 4 février au 27 avril 2015. Vu leur petit nombre, l'occasion est trop belle de photographier toutes les œuvres exposées...
Nature morte aux fleurs de pommier dans une coquille de nautile,
de Martin Johnson Heade (1819-1904).
Pour le premier tableau, un seul mot : brillant.
Bouquet de fleurs dans une carafe de cristal,
d'Abraham Mignon (1637-1679),
88 x 68 cm, Paris, musée du Louvre.
Nature morte typiquement hollandaise, ayant (comme souvent, toujours ?) une dimension symbolique de "vanité" : le papillon est l'évocation de la Rédemption, les fleurs qui s'alourdissent, se fanent interpellent sur le caractère éphémère de la vie...
Nature morte aux coquillages,
de Joseph Biays Ord (1805-1865),
vers 1840, huile sur toile,
Atlanta (Georgia), High Museum of Art.
Y a t-il des symboles à déceler dans ces jolis coquillages ?...
Composition de fruits : pommes sur des écuelles en étain,
de William Sidney Mount (1807-1868),
1864, huile sur carton,
Chicago (Illinois), Terra Foundation for American Art.
Ou comment deux pommes peuvent émouvoir... D'autant que celles-ci (la première étant légèrement éraflée) symbolisent l'engagement de l'armée de l'Union durant la guerre de Sécession, les enfants du Nord offrant des pommes (les fruits les plus cultivés aux États-Unis) aux soldats... Ce petit tableau a été vendu au profit d'une association d'aide aux dits soldats.
Maïs et melon,
de Raphaelle Peale (1774-1825),
vers 1810-1820, huile sur toile,
Bentonville, Crystal Bridges Museum of American Art.
Les récoltes de l'été américain comme une allégorie de la fertilité de la terre américaine : maïs, concombre, melon de variété cantaloup (du Maryland) (si c'est pas précis, ça...). La patate douce (miam) était un produit de luxe (cultivé en serres).
Pipes et vases à boire, dit aussi La tabagie,
de Jean Siméon Chardin (1699-1779),
vers 1737, huile sur toile, musée du Louvre.
Matériel scientifique de fumeur... Le cartel (ou plutôt le conservateur ayant rédigé le cartel) aurait visiblement aimé trouver une portée symbolique à cette nature morte (comme il l'a fait pour les autres), mais chez Chardin (hormis ses vanités ou allégories pures) je ne crois pas qu'il y en ait jamais, et ça ne me paraît pas gênant, au contraire même. Le plaisir de la nature morte pour l'œil, le mien en tout cas, réside essentiellement dans l'appréciation du rendu des différents objets et textures...
"Qu'est-ce qu'il fout là ?" Dit Mari-au-langage-fleuri - qui n'est jamais loin lors de mes escapades du vendredi midi - en parlant de Chardin. Il aurait sans doute eu la même réflexion à l'égard de Mignon s'il l'avait connu. Je pense qu'il s'agit de références en matière de nature morte. Cette exposition devant se poursuivre aux États-Unis, ces deux tableaux européens, propriétés du Louvre, sont appelés à se montrer en terre étrangère. Je ferais bien la même chose...
Nature morte au buste de Dante (caché derrière les livres),
de William Michael Harnett (1848-1892),
1883, huile sur toile,
Bentonville (Arkansas), Crystal Bridges Museum of American Art.
Chargée en symboles, explicités dans le cartel...
Petite monnaie,
de John Haberle (1856-1933),
1887, huile sur toile,
Bentonville, Crystal Bridges Museum of American Art.
Un des plus populaires maîtres du trompe-l'oeil de la fin du XIXe s. (Petit autoportrait en bas à droite.) Soupçonné de contrefaçon de billets, tant son art était grand.
Pâquerettes,
de De Scott Evans (1847-1898),
vers 1885, huile sur carton,
Bentonville, Crystal Bridges Museum of American Art.
Spécialiste des petits trompe-l'oeil. La chope est accrochée à un clou, prête à se déverser sur le petit papier épinglé.
Autre trompe-l'oeil aussi rigolo que parfaitement réalisé :
Paire de lunettes,
de George Cope (1855-1929),
1897, huile sur carton,
Atlanta, High Museum of Art.
La visiteuse chapeautée ne voulait pas "décoller" de l'œuvre de Mignon ; elle y cherchait sans doute tous les symboles... Je n'ai pas renoncé à ma vue d'ensemble des 10 tableaux de l'expo... Ça m'a fait penser à l'illustration de Rockwell (un homme de dos, qu'on imagine dubitatif, devant un tableau de Pollock).
Au passage dans le musée, un détail du tableau de Murillo (vers 1661) La naissance de la Vierge (bébé à droite) : un très mignon petit chien pour la choute...
Et la victoire de Samothrace "révélée" (c'est-à-dire restaurée).